Comme l’UNSA a déjà pu le dire à maintes reprises, il n’y a pas d’urgence à réformer notre système de retraite.Si ce dernier laisse apparaitre un déficit de l’ordre de 10 à 12 Md€ en 2027 (sur 336 Md€ de prestations versées–soit à peine 3% de déficit), il existe des solutions autres que le recul de l’âge de départ à la retraite et de l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisation à 43 ans. Ce premier décryptagedu projet de réforme des retraites et les réactions de l’UNSAontpour but de vous aider à comprendre les conséquences de ce projetsur les travailleurs lire ici
Retraites : Quelles conséquences pour vous, métiers de l’éducation ?
Le projet de réforme des retraites s’attaque à deux paramètres essentiels pour déterminer le moment auquel vous pourrez partir en retraite :
- la Durée de cotisation : c’est durée pendant laquelle vous avez cotisé, elle se compte en trimestres. Pour partir avec une retraite complète, aussi appelée « retraite à taux plein », il faut avoir cotisé la durée d’assurance requise.
- l’âge légal de départ à la retraite : c’est l’âge avant lequel vous ne pouvez pas partir en retraite, quelle que soit votre durée de cotisation. Il s’appelle aussi « âge d’ouverture des droits » (AOD)
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Le gouvernement projette de reculer l’âge légal de départ à la retraite. Pour qui ?
Pour tout le monde, sauf quelques rares exceptions qui ne concernent globalement pas les métiers de l’Éducation !
Actuellement, l’âge légal de départ en retraite est de 62 ans (Nous n’évoquerons pas ici les régimes spéciaux qui ne concernent pas nos métiers).
Demain, si la réforme passe, il sera de 64 ans. Donc quel que soit l’âge auquel vous avez commencé de travailler et quelle que soit votre durée de cotisation, vous n’aurez plus le droit de partir avant 64 ans.
J’ai cru comprendre que le gouvernement s’en prend également à la durée de cotisation ?
Oui, le gouvernement a décidé d’accélérer une réforme qui date de 2014 et qui s’appelle la réforme Touraine.
Cette réforme prévoyait d’allonger progressivement la durée de cotisation de 166 trimestres (41,5 ans) à 172 trimestres (43 ans). Cet allongement devait concerner, progressivement, les générations nées de 1958 à 1973.
Le gouvernement veut accélérer cette réforme pour contraindre à devoir cotiser 172 trimestres dès la génération 1965 (au lieu de 1973) pour bénéficier d’une retraite à taux plein !
Pouvez-vous illustrer par un exemple précis ?
Prenons un exemple : vous êtes né∙e en 1968 :
Vous avez actuellement 55 ans (ou dans votre 55è année).
- Sans réforme :
Sans réforme, vous pouvez prévoir de partir en retraite à 62 ans, soit en 2030.
Si, en 2030, vous avez cotisé 170 trimestres, alors vous pourrez bénéficier d’une retraite à taux plein.
Si en 2030 vous n’avez pas cumulé 170 trimestres de cotisation alors vous pourrez choisir entre travailler plus longtemps pour acquérir les trimestres manquants, ou bien choisir de partir quand même en retraite à 62 ans mais avec une décote (retraite de laquelle sera déduit un %)-
- Si le projet de réforme passe :
Non seulement vous êtes touché∙e par le recul de l’âge légal mais également par l’accélération de la réforme Touraine :
Quoiqu’il en soit, vous n’aurez pas le droit de partir en retraite avant 64 ans, donc pas avant 2032.
Le projet de réforme supprime donc le droit de faire un choix : celui de partir à 62 ans, même avec une décote, si vous n’avez plus la force ou l’envie de travailler jusqu’à 64 ans.
De plus, il vous faudra dorénavant avoir cotisé 172 trimestres pour bénéficier d’une retraite à taux plein.
En imaginant que vous ayez commencé de travailler à 23 ans (nos métiers nécessitent de faire des études !) alors cela signifie que vous devrez travailler jusqu’à 23 + 43 ans (172 trimestres) = 66 ans pour avoir une retraite à taux plein.
Pas question donc de partir en retraite en 2030, et même en attendant 2 ans de plus, vous partirez avec une retraite amoindrie d’une décote !
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Si j’ai acquis les trimestres nécessaires avant d’avoir 64 ans, que se passera-t-il ?
Alors vous serez doublement perdant∙e !
Imaginons toujours que vous êtes né∙e en 1968 et que vous avez commencé de travailler à 20 ans.
Sans la réforme, vous pourrez partir avec une retraite à taux plein à 20 +42,5 (170 trimestres) = 62,5 ans.
Avec la réforme, il vous faudra 172 trimestres cotisés (43 ans), que vous obtiendrez à 63 ans.
Mais bien que vous ayez aquis la durée de cotisation requise, vous n’aurez pas le droit de partir avant 64 ans, vous serez obligé∙e de travailler encore 1 année supplémentaire !
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Puisque je serai obligé∙e de cotiser 1 année de plus, alors j’aurai droit à une surcote pour ma retraite ?
Malheureusement non, pas du tout !
Car les cotisations qui sont versées AVANT d’avoir l’âge légal de partir en retraite ne donnent pas droit à une surcote. On appelle cela le « bornage à 1 ».
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Alors je vais cotiser pendant 1 an pour rien ?
Oui ! Vous devrez travailler 1 an de plus sans que cela n’améliore quoique ce soit pour votre retraite. Toutes les cotisations que vous allez verser pendant 1 an sont perdues…
Pire : si cela se produit en période d’inflation avec un point d’indice gelé, votre retraite en sera amoindrie !
L’UNSA s’oppose à une réforme dure et inutile, qui va contraindre à travailler plus longtemps et va amoindrir le montant de nos retraites. L’État n’a pas à faire des économies sur le dos des retraité∙es d’aujourd’hui et de demain, pour un motif qui n’existe que dans ses discours fallacieux !
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