Communiqué de presse SNASEN UNSA ici :

La prise en compte du phénomène du harcèlement et cyberharcèlement et de ses conséquences sur les jeunes et leur santé revient au premier plan des préoccupations nationales à l’occasion du décès dramatique d’une jeune victime. Le suicide d’une adolescente de 13 ans doit légitimement nous interroger sur le chemin qui reste à parcourir pour éviter ces drames humains qui impactent les proches de la victime en tout premier lieu, les élèves et leurs parents mais aussi l’ensemble de la communauté éducative et de la société. Mais la précipitation est mauvaise conseillère, particulièrement dans un contexte de pression médiatique 

Une véritable prise de conscience est actuellement à l’œuvre au sein de l’école autour des situations de harcèlement scolaire qui mobilisent au quotidien beaucoup d’adultes et d’élèves, entre autres dans le cadre du programme PHARE.

L’annonce précipitée et sans concertation de la mise œuvre d’une heure de sensibilisation dans toutes les classes de collège indigne fortement les personnels mobilisés en équipe tout au long de l’année. Quel message est passé aux familles, que rien n’était fait jusqu’à l’annonce de M. Pap Ndiaye ?    Cela revient à mépriser et méconnaître le travail en cours au sein des nombreux établissements dans ce domaine.

Depuis plusieurs années, les personnels sociaux exerçant auprès des élèves au sein de l’éducation nationale apportent leur contribution dans l’accompagnement des victimes et auteurs, témoins et familles. Ils pilotent avec les personnels éducatifs et de santé des actions collectives de prévention auprès des élèves et des parents, apporte leur expertise en tant que formateur du programme PHARE, assure la médiation avec les familles.  

De nombreux conseillers techniques de service social assurent par ailleurs la mission de référents « harcèlement » au niveau départemental. L’exercice de cette mission délicate (en plus d’autres missions tout aussi prioritaires) nécessite disponibilité, implication et réactivité. Alors qu’à ce jour, elle s’effectue sans moyens supplémentaires dédiés, aucune reconnaissance, ni indemnité. La convocation le 15 juin à un séminaire national le 29 juin en présentiel à Paris met les personnels en tension en cette période de fin d’année où les agendas sont déjà surchargés.

 L’expertise apportée par les personnels sociaux contribue pourtant à la mise en œuvre des politiques éducatives qui doit reposer, pour être efficace face à la complexités des situations, sur la mobilisation de l’ensemble des compétences de chacun des personnels.  Le SNASEN Unsa s’interroge sur l’annonce de la nomination d’un référent harcèlement dans chaque établissement, rémunéré pour cette mission, alors que cette disposition mise en œuvre sans succès il y a quelques années n’a fait l’objet d’aucune évaluation sérieuse.  

Le SNASEN UNSA déplore qu’actuellement les actions des différents acteurs, de formations des personnels, du déploiement PHARE manquent de visibilité et de pilotage académique.

Le harcèlement touche tous les établissements scolaires et concerne les enfants et adolescents de tous milieux. La généralisation aux lycées du programme PHARE dans sa dimension éducative et préventive est accueillie favorablement.

Le harcèlement est aujourd’hui reconnu comme un délit. Le SNASEN UNSA est satisfait que le ministère ait rappelé les obligations légales qui incombent aux chefs d’établissement. La formalisation d’un protocole clair entre justice et Education nationale est plus que nécessaire. Qu’est-ce qu’une situation constatée ? une situation probable ? quelle réponse pénale pour les moins de 13 ans ? Le SNASEN UNSA s’interroge sur les moyens de la justice à répondre alors que les parquets sont déjà débordés.

N’oublions pas !  Le mineur auteur du harcèlement reste un mineur qui peut avoir été victime et qui doit également être protégé.

Pour plus d’efficacité, la prévention du harcèlement doit s’inscrire dans une politique de prévention plus large.

La sensibilisation et la formation des équipes et des élèves au repérage et à la prise en charge du phénomène trouve ses limites car le harcèlement dépasse les portes des établissements scolaires dans les situations de cyberharcèlement

L’alliance éducative avec les parents se construit sur la base de relations de confiance. Les échanges sur le bon usage des réseaux sociaux de leurs enfants permettent de prévenir les risques de harcèlement mais aussi de violences sexuelles et sexistes et de discriminations.  

L’éducation des élèves au numérique, l’expérience concrète de l’égalité et la fraternité, le développement des compétences psycho-sociales au cours du parcours scolaire œuvrent à former des adultes éclairés de demain.  La formation des personnels est un des leviers pour armer les adultes, eux-mêmes insécurisés.

Les personnels sociaux, formés à l’écoute et à l’accompagnement individuel et collectif, contribuent avec engagement à cette politique de prévention dans toutes ses dimensions. Nombre d’entre eux sont exaspérés voire en souffrance professionnelle, faute de moyens d’exercer convenablement ces missions essentielles. Le SNASEN UNSA dénonce les redéploiements en urgence c’est-à-dire sans création de poste d’assistant de service social : L’expertise et les compétences du service social en faveur des élèves est nécessaire dans tous les établissements tant en prévention, qu’aux côtés des élèves, des familles et des équipes lors d’évènements dramatiques.

Le SNASEN UNSA rappelle l’urgence à renforcer les moyens sociaux auprès des élèves, des personnels et des étudiants.

Harcèlement scolaire :  des annonces précipitées aux effets délétères !