La sécurité, la considération, la place de l’humain, l’appartenance institutionnelle et l’éthique sont les cinq thématiques évoquées par l’UNSA lors de l’audition du 6 octobre au Haut Conseil du Travail Social.
Nous avons notamment souligné l’hétérogénéité de leur vécu et de leur ressenti en raison des multiples cas de figure possibles concernant les modes d’organisation des services et structures employeurs, des postures managériales de leur hiérarchie, de l’existence ou non de matériel de protection, des conditions matérielles du télétravail …
Il n’existe pas de recensement national des expériences et initiatives prises par les travailleurs sociaux et/ou leurs employeurs durant la pandémie. Aussi la vision est très parcellaire.
L’UNSA demande d’inclure les travailleurs sociaux dans les professionnels bénéficiant de la prise en charge de leurs enfants pour le maintien de leur activité, dans le cadre d’une organisation revisitée plus efficace. En effet, le retard dans la prise en compte de la garde des enfants dans le secteur de la protection de l’enfance, la non-inscription des travailleurs sociaux sur la liste des bénéficiaires prioritaires de masques et gants, parce qu’ils exercent à domicile, en institution ou dans la rue, sont des manquements très mal vécus par les intéressés.
Le vocabulaire employé par les autorités gouvernementales, martial et entrepreneurial, inapproprié au secteur du social (comme à celui du sanitaire !) : quarantaine / confinement- être en guerre / se protéger de – privation de liberté / résilience – distanciation physique / distanciation sociale, ne peut être utilisé par les professionnels, très à l’écoute des besoins des populations.
L’UNSA est favorable au versement de la prime COVID quel que soit l’employeur public ou privé.
Pour l’instant, cette prime est considérée comme un simple effet d’annonce et d’ailleurs très peu attribuée par les collectivités.
Une certaine machinerie administrative a continué, via les logiciels et plateformes, à imposer une façon de faire mais aussi de penser (suspension des prestations CAF indues), totalement déconnectée de la réalité, alors que d’autres ont su réagir avec réactivité (renouvellement automatique du RSA).
Comme pour tout télétravailleur, la question du maintien des liens d’équipe, la continuité d’appartenance à un service (notamment au travers des réunions), à une institution ont été vécues très diversement : l’attention de la hiérarchie au management spécifique du télétravail est loin d’être acquise (posture et formation).
Afin de continuer à donner du sens au travail social, l’UNSA estime nécessaire de promouvoir des espaces de réflexion collégiale pour clarifier les difficultés et les lignes pratiques d’action à emprunter. Il semble nécessaire de faire appel à l’intelligence collective de tous les acteurs pour obtenir des réponses adaptées.
En effet, les acteurs de terrain doivent répondre à la fois à des besoins urgents, ou maintenir une continuité de prise en charge, mais également à des questionnements éthiques.
Les questions de priorisation ont bouleversé les processus habituels : hébergement d’urgence/risque COVID, personnes reconnues médicalement vulnérables par le SIAO sans accès à un hébergement…
Cette souffrance est ressentie par l’ensemble des acteurs de terrain pris en étau entre le souhait de se protéger ainsi que leur cellule familiale et la crainte d’abandonner les personnes qu’ils accompagnent.