Chèr·e·s collègues, chers collègues,
Il y a quelques jours, le Défenseur des droits rappelait une vérité essentielle : « les enfants aux prises avec la justice sont avant tout des enfants à protéger ». Son rapport annuel 2025 appelle urgemment à renforcer la prévention et à augmenter le nombre d’assistants sociaux scolaires.
Ce constat vient confirmer l’alerte que nous portons au quotidien.
Ce vendredi 5 décembre, le SNASEN UNSA a tenu une conférence de presse nationale pour dévoiler les résultats de notre Baromètre Métiers 2025 et mettre nos décideurs face à leurs responsabilités.

📉 Le diagnostic que nous avons posé :
Nous avons dénoncé l’équation impossible que nous subissons :
- Une explosion des besoins : une augmentation significative des informations préoccupantes et des signalements. 81000 écrits de protection de l’enfance transmis l’année dernière.
- Un système saturé : Une protection des mineurs asphyxiée (plus de 3 000 mesures de placement non exécutées) qui nous laisse en première ligne dans les établissements pour veiller à leur sécurité.
- Un paradoxe douloureux : Si 96% d’entre vous aiment leur métier, un sur deux craint désormais pour son avenir.
📢 Nos exigences pour sauver le service social scolaire :
Face à des mesures budgétaires dérisoires (100 postes au PLF 2026, soit 1 par département !), nous avons porté trois lignes rouges :
- Un plan pluriannuel de recrutement ambitieux : Nous refusons tout redéploiement vers le primaire à moyens constants. L’intervention en école primaire exige des postes dédiés. Ce ne sont pas les 100 postes d’AS supplémentaires annoncés dans le PLF 2026 qui feront la différence (1 AS pour 60000 élève dans le primaire ?!).
- La fin de la précarité matérielle : Il est inacceptable que des agents de l’État ne soient pas remboursés de leurs frais de déplacement, alors que nous utilisons notre véhicule personnel pour exercer nos missions. Nous exigeons une vraie prise en compte de notre statut de personnels itinérants, avec une enveloppe pérenne et un remboursement intégral de nos frais.
- La reconnaissance : L’accès au Complément de Traitement Indiciaire (CTI) du SEGUR de la santé et de vraies perspectives de carrière.
« Un soutien discret, un changement visible. »
C’est le message que nous avons porté haut et fort : nous continuerons d’être ce soutien indispensable pour les élèves, les étudiants et les personnels. Mais pour que notre action reste efficace, nos moyens doivent enfin devenir une priorité visible de tous.
Retrouvez notre dossier de presse avec l’infographie ainsi que l’article sur le site de l’UNSA EDUCATION.
Pour défendre notre métier et nos missions, rejoignez le SNASEN UNSA.
L’équipe du SNASEN UNSA


Discours conférence de presse du vendredi 5 décembre 2025 :
Bonjour à toutes et à tous, nous vous remercions de votre présence aujourd’hui dans les locaux du SNASEN UNSA.
Il y a quelques jours, le Défenseur des droits, dans son rapport annuel 2025, rappelle une vérité essentielle : « les enfants aux prises avec la justice sont avant tout des enfants à protéger ». Le Défenseur des droits écrit noir sur blanc qu’il faut « renforcer les moyens alloués à la prévention » et « augmenter le nombre d’assistants sociaux dans les établissements scolaires ».
Ce constat vient confirmer l’alerte lancée dès septembre par notre fédération, l’UNSA Éducation, qui pointait déjà les fractures de notre système éducatif lors de sa conférence de rentrée.
Aujourd’hui, nous venons apporter la preuve du terrain en dévoilant les résultats spécifiques aux personnels sociaux de ce Baromètre Métiers 2025.
Nous sommes le SNASEN UNSA. Nous portons la voix des Assistants de Service Social et des Conseillers Techniques de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Nous exerçons auprès des élèves, auprès des étudiants, mais aussi auprès des personnels.
« Concrètement, quel est notre rôle ? Nous sommes les garants de la réussite éducative et de la protection au sein de l’École. C’est nous qui agissons pour qu’un élève en difficulté personnelle ou familiale ne décroche pas scolairement. Nous luttons contre la précarité étudiante et nous aidons les personnels à surmonter les épreuves de la vie. C’est cela notre réalité : être un soutien discret, pour permettre un changement visible. »
Pourtant, ce baromètre 2025 tire la sonnette d’alarme : faute de moyens, notre métier est aujourd’hui au bord de la rupture.
Pour décrypter cette situation, nous partirons du constat d’urgence sur la protection de l’enfance. Nous verrons ensuite comment cette pression crée un paradoxe insoutenable pour nos collègues, avant de vous exposer nos trois exigences pour y remédier.
(I. Le cœur de l’alerte : la protection de l’enfance en danger)
Notre baromètre révèle un chiffre inquiétant : 53 % de nos collègues se disent exposés à un stress intense et émotionnellement difficile.
Ce n’est pas un simple ressenti, c’est la conséquence directe d’une aggravation brutale des situations de protection de l’enfance auxquelles nous faisons face. Les chiffres confirment ce que nous vivons.
En effet, l’enquête sociale de notre Ministère montre une explosion des situations d’enfants en danger détectés dans les établissements scolaires: en un an, les informations préoccupantes ont bondi de (32 %) et les signalements au procureur ont augmenté de 49 %.
Au total, c’est près de 81 000 écrits de protection de l’enfance que nous avons transmis cette année. Ce n’est pas un pic isolé : le rapport de l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) confirme une vague de fond avec une augmentation de 22 % du nombre de mineurs protégés en dix ans.
Pire encore, on estime à environ 3 300 le nombre de mesures de placement non exécutées en France.
La conséquence est directe : faute de placement, l’enfant en danger retourne dans sa famille… et donc en classe. Dès lors, l’école devient son seul filet de sécurité. Et c’est l’assistant social scolaire qui se retrouve en première ligne face à cette responsabilité : veiller au quotidien sur un enfant que la justice a reconnu en danger mais n’a pas pu protéger. C’est notamment ce poids qui explique pourquoi 57 % de nos collègues citent le « manque de personnels » comme la cause première de leur épuisement.
(II. Le paradoxe : une vocation face au mur)
Face à cette pression, notre baromètre met en lumière un paradoxe violent.
D’un côté, l’envie est là. Comme nous le disions, 96 % de nos collègues déclarent aimer leur métier. C’est massif. C’est une vocation.
Pourquoi exercent-ils ce métier ? Pas pour le confort, mais pour l’Humain :
- 70 % sont motivés par le « Lien social » .
- 50 % par la « Liberté et l’autonomie » .
Mais de l’autre côté, il y a le mur de la réalité.
Comment expliquer que 35 % de nos collègues qui « rêvaient de ce métier » en soient aujourd’hui déçus ?
Comment accepter que seuls 40 % d’entre nous conseilleraient ce métier à un jeune ?
Ce n’est pas une crise de vocation, c’est une crise de moyens.
(III. Nos 3 urgences : Moyens, Frais, Carrière)
Face à ce constat, les attentes sont concrètes. Ce baromètre dicte notre feuille de route pour convaincre nos décideurs.
1. L’urgence des Moyens
Le diagnostic est clair : 69,3 % des collègues placent « Avoir des moyens supplémentaires » comme la priorité absolue.
Nous prenons acte de l’annonce dans le PLF 2026 de la création de 300 postes pour les équipes médico-sociales. Mais regardons la réalité en face : pour nous, assistants sociaux, cela représente 100 postes.
100 postes pour toute la France. Cela fait une moyenne d’un seul poste par département !
Si ces postes devaient servir à renforcer le premier degré, comme le préconise le Défenseur des droits, le compte n’y est pas du tout.
Il y a aujourd’hui 6 millions d’élèves dans le premier degré, où nous n’intervenons actuellement que de manière très limitée (REP+). Prétendre couvrir ces besoins avec 100 postes est illusoire : cela reviendrait à un assistant social pour 60 000 élèves !
C’est d’autant plus irréaliste que nous sommes déjà saturés dans le secondaire : nous sommes à un assistant social pour 2 000 élèves, devant parfois couvrir jusqu’à 6 établissements scolaires différents pour un seul agent !
Nous demandons un plan pluriannuel ambitieux. L’intervention nécessaire en école primaire ne doit jamais se faire par redéploiement au détriment des collèges et lycées et à moyens constants.
2. L’urgence des frais de déplacement.
Il y a un point crucial que révèle ce baromètre : la précarité matérielle de nos agents. 60 % de nos collègues réclament prioritairement une meilleure prise en charge de leurs frais professionnels. Nos métiers sont itinérants, nous nous rendons au domicile des familles pour assurer nos missions de prévention du décrochage scolaire et de protection de l’enfance notamment. Aujourd’hui, les assistants sociaux utilisent leur véhicule personnel pour assurer leurs missions. Or, nous avons des collègues, dans plusieurs académies, qui n’ont pas été remboursés depuis des mois. Quand on sait que notre grille indiciaire est déjà la plus faible de la catégorie A – avec un écart allant jusqu’à 700 € de moins en fin de carrière par rapport à d’autres corps comparables – on mesure le poids de cette charge. De fait, nous avons aujourd’hui des fonctionnaires qui puisent dans leur budget personnel pour financer leurs déplacements professionnels auprès des usagers. Nous demandons une enveloppe budgétaire pérenne pour que nul ne soit pénalisé pour avoir fait son travail.
3. L’urgence de la Reconnaissance et des Perspectives.
Il est temps de reconnaître la réalité de nos missions. Nous sommes officiellement cités comme personnels ressources dans les protocoles relatifs à la prise en charge de la santé mentale en établissement scolaire. Nous avons été mobilisés sans relâche pendant la crise sanitaire. Et pourtant, nous restons les grands oubliés du Complément de Traitement Indiciaire (CTI) du Ségur de la santé. Cette exclusion est vécue comme une injustice profonde par la profession.
Mais ce manque de reconnaissance freine aussi nos parcours. Alors que nos collègues veulent évoluer et que 35,4 % demandent à se former pour acquérir de nouvelles compétences, l’institution ne répond pas présente. Le constat est un échec : 33,5 % des assistants sociaux scolaires déclarent n’avoir eu « aucune formation ou une formation inadaptée » ces 3 dernières années.
(IV. Le Sens : quelle École voulons-nous ?)
Pour conclure, ce baromètre pose une question de société.
Nos collègues sont lucides. Ils sont 87,4 % à être en désaccord avec les choix politiques actuels .
Pourquoi ? Parce que leurs valeurs sont attaquées :
- 94 % estiment qu’il faut viser la réussite de tous, sans sélection précoce.
- 84 % affirment que l’inclusion est une richesse, même si cela demande des moyens.
(Conclusion)
Les personnels sociaux sont inquiets, mais ils ne sont pas résignés.
Ils font confiance à leur syndicat. 53 % jugent l’action syndicale efficace (contre 31 % au global) .
Et ils nous disent quoi faire : « Négocier des accords concrets » (56%) .
C’est le mandat du SNASEN UNSA.
Nous portons ce message clair : nous continuerons d’être ce soutien indispensable pour les élèves, les étudiants et les personnels. Mais pour que notre action reste efficace, nos moyens, eux, doivent enfin devenir une priorité visible de tous.
Nous vous remercions.
