Le 20 novembre dernier, le SNASEN UNSA était représenté par deux Co-Secrétaires Généraux à la journée de présentation publique du rapport de la CIIVISE.
La CIIVISE, Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants a été créée en 2021, à la suite de la publication de La familia grande de Camille Kouchner et des centaines de témoignages qui s’en sont suivis.
Après presque trois années de travail et plus de 27 000 témoignages de victimes d’inceste, la commission a rendu un rapport de 756 pages rendant compte des constats et ses préconisations pour « rendre la parole contagieuse et briser le déni face au secret de l’inceste ».
Au programme de cet après-midi riche en émotions : un retour sur le travail effectué par la Civiise et sur les témoignages collectés ainsi que des préconisations à destination des professionnel.les, parents, institutions pour mieux protéger et accompagner les victimes. Mais aussi des moments plus artistiques bien que solennels : des lectures de témoignages dont des extraits de Triste Tigre de Neige SINNO par Anna MOUGLALIS, qui a également lu un texte de Barbara sur sa propre histoire avant une réinterprétation émouvante de l’Aigle Noir de cette même Barbara de Clara YSE.
Après une ouverture de ce moment par les deux Co-Présidents évoquant l’acharnement du mal au-delà de ce que chacun peut se représenter dans sa tête et un clip vidéo retraçant l’historique autour de cette question, les différents intervenants ont pris la parole successivement.
La parole a d’abord été donné à Eva THOMAS, qui a tenu une parole forte se résumant ainsi : « c’est parler ou mourir, c’est parler pour ne pas mourir ».
Ainsi, Emmanuel PIET, Présidente du Collectif Français contre le Viol, a rappelé que le déni social des violences sexuelles demeurait car les « agresseurs ont tous la même stratégie : choisir leur victime, imposer la terreur, renverser la culpabilité pour les réduire au silence et les agresser impunément. Car choisir sa victime, c’est choisir quelqu’un que l’on veut détruire ».
Muriel SALMONA, Psychiatre et fondatrice de l’association Mémoire traumatique et victimologie, a complété ces propos en disant que ce silence et ce renversement de la culpabilité sur les victimes par « une méconnaissance profonde des conséquences psycho-traumatiques des violences par les professionnel.les et les adultes ».
Professionnel.les, victimes, expert.es, représentant.es des associations, ont unanimement souligné l’importance de changer le prisme face à l’inceste : croire les victimes est essentiel, mieux repérer les situations, mieux repérer et soigner les psycho-traumatismes, former des professionnel.les pour améliorer le recueil de la parole de l’enfant, tant par les professionnels de la Protection de l’Enfance que par les représentants des Forces de l’Ordre, améliorer drastiquement le traitement judicaire en imposant l’imprescriptibilité des VSS et la protection des victimes dès le signalement, prévenir les VSS à travers une éducation à la vie sexuelle et affective, etc. Les recommandations sont multiples et étayées dans le rapport et dans la synthèse du rapport.
Faire vivre la parole des personnes concernées, remettre le monde à l’endroit, assurer une vraie culture de la protection et renverser la stratégie de l’agresseur, ce sont également des mots qui résonnent quand Edouard DURAND rappelle les propos d’Aurélien TAQUET, lorsqu’il lui confiât la mission : « Vous ne savez pas ce que je vous confie, vous ne savez pas où vous allez. Vous en avez pour 10 ans. »
A cela, le Co-Président de la CIIVISE a ajouté qu’une seule chose demeure : la lumière de l’existence.